RDC - Congo-Kinshasa : le Pouvoir veut absolument changer la Constitution. Pourquoi ? L'Opposition en choeur crie au scandale et dénonce le piège devenu classique du tripatouillage de la Loi fondamentale pour ouvrir la voie à un 3eme, voire un 4eme mandats. Pour Félix Tshisekedi ... comme Alassane Ouattara en Côte d'Ivoire ou Faustin-Archange Touadéra en RCA.
Décidément, il faut croire qu'en Afrique, les mauvaises pratiques ont la vie dure. Elles font en effet florès. Comme on le sait, la grosse ficelle, la pratique pour s"éterniser au pouvoir, c'est simple : on change tout bonnement la Constitution et la clause d'interdiction de deux mandats consécutifs s'efface. Gommée. Les compteurs sont remis à zéro. Tellement facile et élémentaire, Mon cher Watson, comme stratagème. A se demander pourquoi les Constitutionnalistes divers et autres juristes diplômés des Grandes Ecoles, très spécialisés de tout bord, n'y ont pas pensé !
On a beau les dénoncer, on a beau crier. Ces pratiques déloyales, anti-démocratiques pour le moins et rétrogrades, reviennent sans cesse. C'est la perpétuation. Pourquoi le Président congolais nouvellement réélu il y a moins de 11 mois, Félix Antoine Tshilombo Tshisekedi, veut-il changer la Constitution du pays ?
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Pour les Opposants à sa large majorité dénommée Union Sacrée pour la République, pas de doute : l'Homme fort de Kinshasa veut conserver le pouvoir pour longtemps : les deux prochains mandats. Minimun garanti ou, pourquoi pas, le pouvoir à vie comme le Maréchal Mobutu (presque) ou Laurent-Désiré Kabila, avant lui ? Y a pas de honte à essayer... Le Peuple (avec un grand P de respect) décidera. Ben voyons ! Quelqu'un a murmuré dans la salle ? Y en qui sont pas contents ?
Un retour à ces vielles pratiques anti-démocratiques ! Ce que les Congolais avaient fermement refusé à Joseph Hypolite Kabila en 2019. Mais la pratique est de plus en plus répandue sur le Continent. Les derniers utilisateurs de cete méthode éprouvée étant les très respectés Présidents "démocrates" Alassane Ouattara de la République (démocratique) de Côte d'Ivoire et Faustin-Archange Touadéra de Centrafrique. Des vraies références. Tout au moins pour le premier. En Occident tout aussi très démocratique, personne n'a pipé mot ! Pourquoi se priver ?
Donc au tour du Pouvoir de Kinshasa de changer la Loi fondamentale du pays sous laquelle l'actuel Chef de l'Etat, Félix Antoine Tshilombo Tshisekedi, dit Fatshi, a été élu à deux reprises en janvier 2019 puis en janvier 2024 avec 73,34 % des voix. Et avant lui Joseph Kabila, (18 ans de règne), fils de son père Laurent-Désiré Kabila, lui-même assassiné en janvier 2001 après quatre années de pouvoir sans partage à la tête de l'ex-Zaïre.
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Les rumeurs de la révision constitutionnelle étaient venues tout d'abord du Chef de l'Etat lui-même. Répondant à une question en mai dernier, 4 mois seulement après sa réélection et ceci au cours d'un voyage en Europe, à Bruxelles et à Paris, il avait déclaré que l'idée d'une révision constitutionnelle ne lui semblait pas forcément inintéressante et qu'il allait charger une Commission de réfléchir sur la question. Aussitôt, au pays, l'opposition y a vu un cassus belli et le député Christian Mwando qui en dirige le groupe à l'Assemblée a immédiatement marqué le refus catégorique de celle-ci. L'Association africaine de Défense des Droits de l'Homme (ASADHO) par la bouche de son Président Jean-Claude Katendé a estimé que c'est tout simplement le "franchissement du Rubicon" par Félix Tshisekedi. Le parti Lamuka de l'opposant virulent Martin Fayulu, par la voix de son porte-parole Prince Epenge, le projet de révision constitutionnelle n'est qu'une "excuse ... pour un pouvoir qui veut cacher son incapacité à gouverner. En quoi la Constitution [actuelle] empêcherait-elle" [la bonne gouvernance ?]... C'est un prétexte qui ne passera pas".
Il semblerait même qu'au sein de la majorité au pouvoir, certaines voix se montrent franchement hostiles à toute idée de "mettre les compteurs à zéro" ou supprimer l'interdiction de plus de deux mandats consécutifs.
Sur ce, le 11 octobre, Augustin Kabuya, le Secrétaire général de l'UDPS commet une circulaire pour lancer malgré tout la "campagne de sensibilisation pour la révision constitutionnelle", sans avoir demandé le feu vert de l'organisation. Dans celle-ci, il est écrit que "l'actuelle Loi fondamentale a démontré ses limites". Et il y affirme que le Testament du fondateur du parti, celui que l'on appelait le "Patriarche" Etienne Tshisekedi wa Mulumba, père de l'actuel Président de la République décédé le 17 février 2017 à Bruxelles, prévoit expressément la révision de la Constitution actuelle. Cette circulaire qui officialise le projet de révision surprend tout le monde. Notamment au sein du parti Udps. C'est le clash au sein de celui-ci, car les instances supérieures n'ont pas été prévenues de cette démarche qui soulève un tollé dans l'opinion, une nouvelle fois. Kabuya est débarqué et remplacé par Deogratias Bizibu Balola.
On croit le dossier close lorsque, le 23 octobre, le Chef de l'Etat lui-même relance son grand projet de changement constitutionnel, en précisant que c'est "le Peuple qui décidera". Sous-entendu par référendum. Le Premier Vice-Président de l'Assemblée Nationale, évidemment personnalité notoire de l'Udps, Jean-Claude Tshilumbayi, à son tour, viendra en renfort, parlant de "Constitution devenue obsolète. Elle a été écrite à la matchette et kalachnikov à la main". No comment".
Depuis le 20 novembre, l'Udps a lancé officiellement le 21 novembre "sa campagne officielle" pour une nouvelle Constitution devenue absolument prégnante. Selon son Chef, Félix Tshekedi, rien ni personne ne pourra arrêter sa décision de changer la Constitution de la République. Au cours d'un voyage à Lubumbashi, il a développé son idée de créer "une Commission Interdisciplinaire" pour réfléchir sur la rédaction de cette nouvelle Loi Fondamentale. Ceci au lendemain de la déclaration commune solennelle de toute l'Opposition regroupant ses principaux ténors tels Martin Fayulu, Matata Ponyo, ancien Premier Ministre, le Katangais Moïse Katumbi, tous candidats malheureux aux Présidentielles des 06 dernières années, auxquels se sont joints des représentants de la mouvance de ... l'ancien Président Joseph Kabila soi-même. Et surtout l'ensemble des évêques congolais représentés au sein de la Conférence Episcopale de Kinshasa.
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En tout cas, le pugilat Opposition versus l'héritier du Patriarche Etienne Tshisekedi, l'homme qui avait grandement contribué à la chute du Léopard de l'Equateur, le Maréchal Mobutu, ne fait que commencer. -
Article rédigé par Nöel Ngabissio Directeur de la Rédaction. Pour vos abonnements (6 mois à 10 euros) et vos appréciations.Joindre: Afrique.horizon21@gmail.com